La récolte du maïs, les 5 leçons tirées de 2025
- Mathieu Phaneuf

- 23 nov.
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours

L’année 2025 n’aura pas été de tout repos. Retard dans les semis, sécheresse marquée pendant l’été, récolte tardive, un gel qui n’arrive pas, puis finalement une bonne quantité de neige qui nous est littéralement tombée sur la tête. Bref, une autre année qui restera sans doute dans les mémoires de plusieurs pour les années à venir.
Tous ces facteurs climatiques ont influencé la récolte de 2025. D’ordre général, le blé d’automne a été très bon, le blé de printemps et le soya ordinaire, et pour le maïs de mauvais à très bon selon les régions.
Ce qui ressort des commentaires que j’ai recueillis est de la déception dans la performance du soya. On comprend que cette culture n’est pas très résistante face à la sécheresse. Contre toute attente, les producteurs ont été agréablement surpris des rendements dans le maïs. Comparativement au soya, cette culture est très résiliente. Toutefois, là où le rendement était au rendez-vous, l’humidité du grain était très élevée (28 à 32%).
Comme vous le savez, tout le processus de récolte, de séchage et d’entreposage est directement influencé par la saison de culture. La saison 2025 a été très différente des précédentes et nous a permis d’observer de nouveaux comportements sur les installations de nos clients.
Dans cet article, nous vous présentons les 5 leçons tirées de la saison 2025. Ces apprentissages, primordiaux pour maximiser la valeur de votre récolte, vous permettront de mieux tirer profit de vos installations dans les années à venir.
Observations sur le terrain
Là où les plants de maïs sont morts au champ :
Grain petit et sec (environ 22%).
Rendement très faible
Là où les plants de maïs ont traversé la sécheresse :
Les premiers semis sont récoltés à 24-26% d’humidité.
Grain généralement très humide (environ 28-32%).
Poids spécifique variable de 64 à 68 kg/hl.
Grain endommagé, présence de rafle et de son plus abondant qu’à la normale.
Généralité :
Pas de gel mortel avant le mois de novembre dans la plupart des régions.
Terrain plutôt solide et sec en début de saison.
Arrivée de la neige début novembre.
Pas de redoux pour faire disparaître la neige (en date du 25 novembre).

Leçon #1 : Mixer son grain pour mieux contrôler son séchoir
Lorsque vous consultez la charte de séchage de votre séchoir, vous y retrouverez des références pour paramétrer votre séchoir : type de grain, humidité à l’entrée, humidité visée à la sortie, température de plénum, vitesse de séchage, etc.

Vous avez peut-être déjà constaté que lorsque la récolte est uniforme au champ, votre séchoir est très stable. D’ailleurs, c’est dans ces conditions-là qu'il est préférable de contrôler votre séchoir en manuel.
Cependant, lorsque la qualité de grain et l’humidité sont variables au champ, il est préférable de contrôler son séchoir avec un système de gestion avancé. C'est également à ce moment qu’il est préférable de mélanger vos grains.
Pourquoi? Premièrement parce que vous éviterez les transitions d’humidité à l’entrée du séchoir. Sinon à chaque changement, vous devez ajuster la vitesse de passage, comme le présente votre charte de séchage.
Deuxièmement, le grain plus humide séchera plus rapidement que le grain sec pour finir à peu près au même taux d’humidité. Les résultats parlent d’eux-mêmes!

C’est ce que l’on a pu démontrer cet automne au centre de grains de la Ferme Normand Jodoin Inc. Grâce à ses installations, Stéphane Jodoin est en mesure de ségréguer son grain dans différentes réserves humides, pour ensuite le mélanger tel un bon pâté chinois (steak, blé d’inde, patate). Résultat : une humidité de grain à l’entrée relativement uniforme pour un séchage stable et uniforme.

Leçon #2 : Un séchage lent donne un séchage plus uniforme
En 2024, l’humidité du maïs à la récolte était très basse. Du jamais vu au Québec! Celle-ci a oscillé dans les 21-23%, pour finir dans les 16-18% à la toute fin de la récolte.
Observations en 2024 à la Ferme Normand Jodoin Inc :
Humidité à l’entrée : 22%
Humidité visée : 15%
Humidité à retirer : 7%
Les tests d’humidité réalisés à l’aide de l’AM5200-A ont démontré que l’humidité à la sortie du séchoir était très variable. C'est-à-dire que pour un même échantillon, si vous répétez un test d’humidité, vous obtiendrez un résultat différent. Et c’est normal, parce que chaque grain de maïs n'a pas la même forme, pas le même taux d’humidité et ne passe pas au même endroit dans le séchoir. Ces tests ont démontré qu’il était possible d’avoir des résultats avec un écart maximal allant jusqu’à 1,2%. De là l’importance de réaliser plusieurs tests sur un même échantillon avant de calibrer votre sonde d’humidité sur votre séchoir.
Variabilité sur les résultats de test d’humidité: 0,7 à 1,2%
En 2025, l’humidité du maïs à la récolte était très élevée, généralement dans les 28%.
Observation en 2025 à la Ferme Normand Jodoin Inc :
Humidité à l’entrée : 28%
Humidité visée : 15%
Humidité à retirer : 13%
Pratiquement 2 fois plus humide qu’en 2024. Le temps de passage du grain au séchoir était de loin plus long en 2025. De ce fait, il est fort à parier que le séchage fut aussi plus uniforme. La température a eu plus de temps pour atteindre le cœur de chaque grain faisant en sorte d'extraire l’humidité au centre de celui-ci.
Variabilité sur les résultats de test d’humidité: 0,2 à 0,5%
Leçon #3 : L’humidité du grain cachée par les grains cassés
Le début de la saison de séchage a été marqué par un maïs très humide (environ 30%). Fait à savoir, plus le maïs est humide, plus il sera endommagé par la moissonneuse-batteuse. Lors du passage au séchoir, un séchoir agressif fera éclater le grain endommagé. Ce qui se traduit par un pourcentage (%) de grains cassés plus élevé.
Au début de la campagne de séchage, la quantité de grains cassés était supérieure à la normale. Ce qui a mené à une observation plutôt intéressante: l’effet de dilution de l’humidité par la masse de grains cassés.
Comme le grain cassé est plus petit et “ouvert”, il est de toute évidence plus sec. Alors, supposons que votre échantillon contient 10% de grains cassés, que son humidité est de 5,3% et que celle de votre grain est de 14,9%, dans les faits, votre résultat de test sera de 14,0%. Simplement parce que la quantité de grains cassés masquera l’humidité réelle de votre grain.
Calculs :
250 grammes de grains x 14,9% -> 37,25% d’eau
275 grammes de grains x 14% -> 38,5% d’eau


Bien entendu, l’effet exceptionnel d’avoir un si haut taux de grains cassés (environ 10%) a permis d’observer ce phénomène. Toutefois, après avoir répété l’expérience tout au long de la saison, nous avons observé une influence non négligeable, généralement de 0,5%, du grain cassé sur la mesure de l’humidité du grain.
Pourquoi est-ce si important?
Comme vous le savez, les grains cassés se concentrent au centre de votre silo. Une fois le centre du silo retiré, il vous restera un beau grain rond, avec un taux de pertes beaucoup plus faible. Il n’est pas rare d’avoir un taux de 7-10% au début de la vidange du silo, puis de 2-4% pour le reste de l’ensemble du silo.
Alors, si vous ne prêtez pas attention à ceci, vous pourriez avoir du grain légèrement plus humide que prévu. Soyez vigilant!

Leçon #4 : Poids spécifique variable, lecture d’humidité variable
Le saviez-vous? Le poids spécifique influence la lecture d'humidité des sondes sur les séchoirs à grains, tout comme sur vos moissonneuses-batteuses. Dans les faits, c’est exactement la même technologie.
Lorsque vous calibrez votre capteur d’humidité sur votre batteuse, vous devez suivre un protocole précis afin de déterminer le poids spécifique de votre grain. Une fois calibré, votre lecture sera très fidèle à ce que votre testeur d’humidité vous donnera, jusqu’à ce que le poids spécifique change. Si votre champ est variable, la fiabilité de votre sonde le sera tout autant.

Si la qualité de votre grain est variable et que la densité de votre grain change, il est très probable que la fiabilité de la sonde de votre séchoir soit tout aussi variable. Donc si vous trouvez que votre sonde se décale constamment, ce n’est fort probablement pas la sonde le problème, mais votre grain.
Alors, quoi faire?
Prendre des notes!
Année, mois, date, heure
Paramètres de grain : température, humidité, poids spécifique
Paramètres du séchoir : vitesse de séchage, température plénum
Etc.
Suivre votre séchoir est la clé. Et oui, il s’agit d’une tâche qui peut s’avérer fastidieuse, surtout si vous êtes à la bonne vieille méthode du papier et crayon. Heureusement, la technologie est là pour vous aider.
Une plateforme pour vous simplifier la vie
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Leçon #5 : Être approximativement correct pour ne pas tomber dans l’erreur
Pensez-y, il faut éviter les extrêmes et contrôler sa moyenne. Si l’humidité à l’entrée du séchoir oscille, que le contrôle du séchoir et que la précision de votre sonde oscillent aussi, l’effet élastique créé amènera des pointes de séchage qui vous donneront du fil à retordre pendant l’entreposage et à la livraison de vos grains. Comme par exemple : un grain trop sec avec beaucoup de cassés, un grain trop humide sujet à l’échauffement, des camions retournés en raison d'une humidité trop élevée, tous des problèmes occasionnés par un mauvais contrôle du séchage.
Par contre :
Si vous uniformisez votre humidité à l’entrée, votre séchoir sera stable.
Si la sortie du séchoir oscille légèrement, l’humidité moyenne du silo sera précise.
Si votre calibration de sonde est dans la moyenne, la moyenne de vos lectures sera fiable.
Si vous ventilez vos grains correctement, vous uniformiserez l'humidité de vos grains dans vos silos d’entreposage.

Conclusion
Chaque année, la saison des récoltes vient avec son lot de défis. 2025 aura été marquée par des retards aux semis, une sécheresse à l’été dans plusieurs régions du Québec et une saison frappée de plein fouet par la neige et le froid. Bien que certaines régions ont connu des rendements très décevants, plusieurs s’en tirent toutefois avec plus de peur que de mal.
Malgré tout, nous en ressortons avec des apprentissages qui nous permettent de rehausser notre maîtrise sur le séchage. Sortir des sentiers battus permet de voir autre chose, d’observer des phénomènes qui changent le comportement du séchoir ou encore influencent les lectures d’humidité.
Ainsi, les grands points à retenir sont de :
Récolter plus tôt que tard, pour ne pas être piégé par l’hiver.
Homogénéiser l’humidité de son grain avant le séchage pour un séchage plus uniforme.
Sécher plus lentement favorise un grain uniforme en humidité.
Surveiller la propreté du grain lors des tests d’humidité.
Monitorer son séchoir permettant ainsi de mieux comprendre son comportement, de l’ajuster adéquatement et d’obtenir un séchage précis et uniforme.
Pendant que la saison s’achève et tire à sa fin, il est maintenant temps de penser au printemps et à la prochaine année qui vient.
À très bientôt,
Mathieu Phaneuf
Président-fondateur agrilog



