Méthodologie de test pour mesurer l’humidité d’un échantillon à la sortie d’un séchoir

Pourquoi mesurer l’humidité avec rigueur?

Le séchage des grains constitue une étape critique à la récolte. Un grain trop sec entraîne une perte de poids et par conséquent de revenus. Tandis qu’un grain trop humide entraîne des risques de pénalités, de moisissures ou d’échauffement en silo. Le défi s’intensifie à la sortie du séchoir, car l’humidité du grain n’est pas homogène.

Selon le type de séchoir (batch, topdry, à colonnes, mix-flow, etc.), il est courant de retrouver des écarts d'humidité pouvant varier jusqu’à 2%. Ainsi, mesurer un seul échantillon ponctuel conduit presque toujours à un résultat trompeur. Le véritable enjeu est donc d’établir une méthodologie de test capable de :

• Minimiser la variance entre les tests;

• Représenter fidèlement l’humidité de l'échantillon;

• Fournir une donnée reproductible pour la prise de décision.

Dans ce blogue, nous vous présentons un protocole de test pratique, documenté et directement applicable à votre prochaine récolte.

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Comprendre la non-homogénéité du séchage

Origines des écarts d’humidité

À la sortie d’un séchoir, les grains ne sont pas uniformes parce que :

• Le flux d’air chaud n’est jamais parfaitement réparti

• L’emplacement des grains dans le séchoir influence le séchage

• Les variations du débit d’air et de température créent de la variabilité

• La dimension du grain est variable

• L’humidité du grain est variable

ATTENTION!

Les humidimètres ne sont pas parfaits! Bien que certains humidimètres commerciaux soient très précis, la variance de l’humidité dans votre test ou votre échantillon est trompeuse. D’autant plus que certains grains, comme le maïs, ont une forme variable qui influence la lecture de votre humidimètre.

En pratique

• Deux échantillons prélevés à 5 minutes d’intervalle peuvent afficher un écart de 1,5 à 2,0 points d’humidité.

• Un seul test rapide ne permet pas de déterminer correctement la moyenne représentative.

Importance de la variance

La variance est un indicateur clé : elle mesure la dispersion des résultats autour de la moyenne. Dans le contexte du séchage, elle est inévitable, mais doit être réduite et contrôlée grâce à  un protocole rigoureux.

Gestion de la variance

Répétabilité vs reproductibilité

Répétabilité : même opérateur, même instrument, même échantillon

Reproductibilité : instruments différents

Un humidimètre ayant une excellente reproductibilité, comme l’AM5200-A de Perten, vous permettra de mesurer plus clairement la variance dans vos échantillons. Vous aurez besoin également de réaliser moins de tests pour la mesurer.

Deux humidimètres de même marque auront également une meilleure reproductibilité. Donc moins de place à différentes lectures entre un acheteur et un vendeur. Comparer deux équipements différents aura systématiquement un écart. Cet écart sera encore plus grand si vous comparez deux humidimètres de technologie différente, comme l’AM5200-A de Perten et le Labtronic 919.

Stratégies pour réduire la variance

• Standardiser votre protocole de test

• Former et sensibiliser les opérateurs sur votre protocole

• Multiplier les sous-échantillons

• Consigner systématiquement toutes les données

Exemple pratique

Mesure prise à la sortie d’un séchoir continu :

• Test 1 : 15,2 % -> Valeur extrême minimale

• Test 2 : 16,1 % -> Valeur extrême maximale

• Test 3 : 15,6 %

   → Moyenne : 15,6 % ±0,45.

L’écart montre une variance acceptable, si contrôlée. Dans les faits, selon votre type de séchoir, cette variance peut varier en fonction :

• Du type de grain

• Du type de séchoir

• De la quantité d’humidité retirée pendant le séchoir

En prenant systématiquement des mesures lors de votre séchage, vous serez en mesure de déterminer le comportement de votre séchoir et de contrôler votre séchage. Une variance élevée peut vous induire en erreur si vous prenez seulement un test d’humidité, comme en effectuant une lecture d’une valeur extrême (Test #1: 15,2) et donc de sous-estimer l’humidité réelle de votre grain (moyenne: 15,6%).

ATTENTION: 

Si votre séchage est plus élevé que vous ne le pensez, vous êtes plus à risque d’avoir des problèmes d’entreposage!

Comment contrôler la variance?

Simplement en effectuant des tests répétés. Si vous prenez un échantillon et le testez à nouveau, vous constaterez un écart, surtout à la sortie de votre séchoir! Si vous calculez la moyenne sur votre échantillon, après quelques tests vous observerez que la moyenne se stabilise. 

• Lorsque la variance est faible, vous aurez besoin de faire 3 tests pour obtenir une valeur fiable. 

• Lorsque la variance est élevée, vous aurez besoin de faire 5 à 8 tests sur votre échantillon.

Les bases d’un protocole de test fiable

Trois piliers

Un protocole efficace repose sur :

1. Une méthode de test standardisée : minimiser l’effet de l’opérateur et de l’instrument

2. Un échantillonnage représentatif : plus l’échantillon regroupe des points de collecte, plus il reflète la réalité

3. Une répétabilité documentée : historique de résultats fiables et reproductibles, et appliquer des règles solides d’acceptation

   
   

Objectifs recherchés

• Déterminer la moyenne d’humidité réelle de l'échantillon

• Identifier les écarts extrêmes; la variance

• Obtenir un chiffre qui puisse être comparé dans le temps et entre opérateurs

L’art d’échantillonner le grain

Méthodes de prélèvement

• Échantillon en continu : placer un récipient sous la sortie du séchoir durant 30 à 60 secondes pour obtenir un flux représentatif

• Échantillons multiples (en vrac) : prélever manuellement 8 à 10 petits échantillons espacés, puis les combiner

Homogénéisation

Un échantillon doit être bien mélangé avant d’être utilisé.

Quantité nécessaire de l’échantillon

• Petit grain (céréales) : 9 litres (½ seau de 18 litres)

• Gros grain (soya, maïs, etc) : 13 litres (¾ seau de 18 litres)

Le protocole par étapes

Étape 1 — Préparation

• Préparer seau, diviseur, sacs identifiés, humidimètre, carnet de notes

• Identifier l’échantillon et noter les conditions du séchoir (température, débit, heure)

Étape 2 — Prélèvement

• Séchage par lot (batch)

  • Prélever 8 à 10 sous-échantillons

• Séchage en continu

  • Prélever un échantillon pendant 30 secondes

• Brasser l'échantillon pour obtenir une bonne homogénéité

Étape 3 — Mesure de l’humidité

• Si possible, réduire la quantité à l’aide d’un diviseur

• Si le grain est très chaud :

  • Tempérer les grains (15–30 minutes)

• Sinon

  • Tester immédiatement le grain

• Réaliser les tests sur l’humidimètre (3 à 8 fois selon la variance obtenue)

Étape 4 — Documentation des résultats

• Notez :

  • La moyenne

  • Les valeurs extrêmes (minimum et maximum)

  • La variance (l’écart-type)

Notes pour séchoir continu

• Si l’humidité à l’entrée du séchoir varie fortement, répétez les étapes 2 à 4 aux 15 minutes

• Si l’humidité à l’entrée du séchoir varie peu, que le séchoir est stable et que la variance est faible, répétez les étapes 2 à 4 aux 30-60 minutes

Erreurs fréquentes

• Ne pas calibrer l’humidimètre → biais avec le marché

• Prendre un seul échantillon ponctuel → valeur extrême

• Oublier d’homogénéiser → erreur de lecture

• Tester un échantillon trop chaud → transpiration du grain affectant la lecture

• Pesées approximatives → erreur de référence

  
  
  
  

Conclusion

Mesurer l’humidité à la sortie d’un séchoir n’est pas un geste anodin, c’est une opération stratégique qui influence directement la conservation, la conformité et vos revenus.

Un seul test ponctuel est insuffisant dans un contexte de séchage non homogène, comme le séchage du maïs. Seul un protocole structuré, combinant un échantillonnage rigoureux, des mesures répétées et un équipement de test fiable, permet de réduire la variance et d’obtenir un résultat fiable.

Les producteurs et centres de grains qui appliquent ce type de méthode gagnent non seulement en précision, mais surtout en confiance : confiance dans leurs décisions de séchage, dans la qualité de leur grain, et dans la valeur marchande au moment de la vente.